Vendredi 12 juin
Beaucoup d'orages, cette semaine!
J'en ai profité pour écouter et réécouter le très beau CD violoncelle et piano "Brahms/Schumann" des deux petits jeunes du concert "Tremplin découverte" de dimanche dernier : Bruno Philippe et Tanguy de Williencourt.
CD que je ne connaissais pas et que j'ai trouvé sur l'étal du disquaire dans la cour de la bergerie de Nohant.
Un mot à son sujet : je trouve super qu'il se décarcasse tous les ans pour trouver le maximum de CD intéressants des artistes qui se produisent à Nohant ainsi que les livres des conférenciers. Certes, on trouve à peu près ce qu'on trouve partout, mais on trouve aussi des "pépites" moins connues et qui valent la peine. La preuve! Et à des prix très raisonnables.
On ne trouve pas ça dans tous les festivals et je pense qu'il faut l'encourager et lui acheter, ce que je fais car en plus, m'a-t-on dit, les "major compagnies" ne lui reprennent pas les invendus; il fait donc ça avec passion mais à ses risques.
Ah! j'oubliais : si on le souhaite, on peut les faire dédicacer par les artistes à la fin de leurs concerts, ce qu'ils font tous très gentiment.
C'est précieux également cette proximité qu'on peut avoir à Nohant après le concert avec les artistes: dédicace, mais aussi quelques mots échangés. Des moments rares!
Week-end du 13-14 juin
Week-end étonnant, week-end passionnant!
Pourquoi donc me direz-vous?
Je passerai donc vite sur le joli concert Chopin du tremplin-découverte de la jeune coréenne Yedam KIM (voir photo ci dessous à gauche), élève de Bruno RIGUTTO et de Henri BARDA, avec de belles choses, en particulier dans ses Mazurkas délicates ou scandées comme il faut et dans le discours de la Polonaise- Fantaisie. Deux bis bien faits : la Campanella de Liszt et la Sonate L.209 de Scarlatti qui ont fini de séduire le public déjà conquis.
Belle matinée.
On croise les doigts pour elle qui ira défendre en octobre prochain au Concours Chopin de Varsovie ( pour lequel elle vient tout juste d'être sélectionnée parmi 450 candidats) les couleurs de l'Ecole Normale de Musique de Paris.
Belle intuition de programmation une fois encore! J'espère qu'ils nous informeront sur le site du Festival de son parcours à Varsovie.
C'est l'intérêt des festivals de pouvoir entendre des artistes très divers et qui ont parfois des visions très différentes de la musique et de leur art du piano.
Mais là, à Nohant, c'est en moins de 24 heures que nous avons pu avoir ce qui se fait de "on ne peut plus opposé" en matière de personnalité, de vision de la musique, de conception de concert et de carrière avec samedi Bertrand CHAMAYOU (voir photo ci-dessous au centre) et dimanche Valentina LISITSA (voir photo ci-dessous à droite).
Seul point commun : une technicité à toute épreuve.
D'un côté, un musicien avant tout, sobre, un jeu souple, un piano clair et limpide avec juste ce qu'il faut de pédale. Des mains bien posées sur le piano, aucun "chichi" , ce qui donne l'impression que la richesse intérieure de Bertrand CHAMAYOU passe tout entière et sans perte aucune directement dans ses doigts, vers le clavier et vers nous.
Une construction de carrière réfléchie et exigeante, conduite pas à pas qui l'amène à présent à être reconnu comme un des tout meilleurs pianistes français.
Un programme exigeant, difficile - difficile aussi pour le public qui connaît son Chopin par cœur et qui, très souvent, vient à Nohant pour le retrouver - avec Ravel ( Valses nobles et sentimentales, bien valsées et fluides, Gaspard de la nuit particulièrement habité), Schubert : une des plus belles Wanderer- Fantaisie que j'aie entendue, Schubert/Liszt et des lieder vraiment chantés.
Trois bis de la même veine : un lied Mendelssohn/Liszt, le Nocturne op.9 n°2 ( Nohant oblige!) et l'Alborada del Graciozo des Miroirs du même Ravel.
De l'autre côté, une pianiste virtuose, des doigts d'acier et un tempérament de feu, époustouflante et cherchant à l'être avec un jeu fulgurant mais parfois brutal et des contrastes très marqués.
Une carrière qui explose grâce à un coup de maître dans l'utilisation de Youtube qui la fait être à présent demandée partout à travers le monde.
Un programme démentiel dans la durée fait d'exigence technique: Schumann : Etudes symphoniques, Liszt : la Sonate en si, Chopin : 12 Etudes op.10, 12 Etudes op.25 auquel se sont ajoutés en bis : la Rhapsodie hongroise en°12 et la Campanella de Liszt, le Prélude op.23 n° 5 de Rachmaninov et le Precipitato de la 7è Sonate de Prokofiev. Un programme virtuose de plus de deux heures et demie.
Autre point commun : la bergerie était comble et les deux artistes ont été tous les deux ovationnés ( Bien joué, le Festival!), … mais sans doute pas par les mêmes personnes!
Vous, mes amis qui me connaissez bien, vous savez forcément dans quel camp, bleu ou rouge, se situe Bérangère!
J'ai particulièrement aimé le concert CHAMAYOU, moment d'émotion partagé. J'aime l'intelligence et la sensibilité de ses Schubert et la fluidité de son Ravel. Son programme laisse à penser qu'il y a une intégrale en cours. Je commence donc à économiser!!
Osons le dire : j'ai détesté le "concert - spectacle" de LISITSA, avec son "fan club" - dont certains venus de très loin - qui ovationne même le début des bis!!! Le mot qui me vient immédiatement à l'esprit est "performance" . C'est d'ailleurs aussi comme cela que les Américains appellent un concert. J'ai souffert de cet "American Technicolor", de cette "pianorrhée" et de toute ces notes sans beaucoup de musique derrière.
J'ai regretté que le Grenier littéraire ne soit plus ouvert à la fin du concert, car je serais bien allé me ressourcer en écoutant, parmi les archives, juste les deux dernières "Scènes d'enfants" de Schumann par notre regretté Aldo Ciccolini, … ses résonances, ses silences et sa sérénité.
Le poète parle! Fermez le ban!
Suite le week-end prochain!
Mais avant, je reprendrai ma voiture vendredi pour aller au Château de Bouges, près de Valençay - où le Festival de Nohant "s'externalise" pour porter la bonne parole musicale - écouter dans son superbe décor du XVIIIè notre jeune prodige français : Jean-Paul GASPARIAN.
Vingt ans, look de 1er de la classe (qu'il est d'ailleurs : 1er Prix du Concours général de philosophie en 2013, mais aussi Vainqueur du Concours International de Brême la même année), il est actuellement en finale du Concours International Geza Anda en Suisse (on saura ce qu'il en est vendredi ).
Un programme impressionnant par la maturité qu'il requiert : l'opus 101 de Beethoven, la 2è Sonate de Chopin et la 2è Sonate de Schumann, rien que cela!
Quitte à ce que je le réécoute dimanche matin à Nohant dans le concert "Tremplin découverte!
Beaucoup d'orages, cette semaine!
J'en ai profité pour écouter et réécouter le très beau CD violoncelle et piano "Brahms/Schumann" des deux petits jeunes du concert "Tremplin découverte" de dimanche dernier : Bruno Philippe et Tanguy de Williencourt.
CD que je ne connaissais pas et que j'ai trouvé sur l'étal du disquaire dans la cour de la bergerie de Nohant.
Un mot à son sujet : je trouve super qu'il se décarcasse tous les ans pour trouver le maximum de CD intéressants des artistes qui se produisent à Nohant ainsi que les livres des conférenciers. Certes, on trouve à peu près ce qu'on trouve partout, mais on trouve aussi des "pépites" moins connues et qui valent la peine. La preuve! Et à des prix très raisonnables.
On ne trouve pas ça dans tous les festivals et je pense qu'il faut l'encourager et lui acheter, ce que je fais car en plus, m'a-t-on dit, les "major compagnies" ne lui reprennent pas les invendus; il fait donc ça avec passion mais à ses risques.
Ah! j'oubliais : si on le souhaite, on peut les faire dédicacer par les artistes à la fin de leurs concerts, ce qu'ils font tous très gentiment.
C'est précieux également cette proximité qu'on peut avoir à Nohant après le concert avec les artistes: dédicace, mais aussi quelques mots échangés. Des moments rares!
Week-end du 13-14 juin
Week-end étonnant, week-end passionnant!
Pourquoi donc me direz-vous?
Je passerai donc vite sur le joli concert Chopin du tremplin-découverte de la jeune coréenne Yedam KIM (voir photo ci dessous à gauche), élève de Bruno RIGUTTO et de Henri BARDA, avec de belles choses, en particulier dans ses Mazurkas délicates ou scandées comme il faut et dans le discours de la Polonaise- Fantaisie. Deux bis bien faits : la Campanella de Liszt et la Sonate L.209 de Scarlatti qui ont fini de séduire le public déjà conquis.
Belle matinée.
On croise les doigts pour elle qui ira défendre en octobre prochain au Concours Chopin de Varsovie ( pour lequel elle vient tout juste d'être sélectionnée parmi 450 candidats) les couleurs de l'Ecole Normale de Musique de Paris.
Belle intuition de programmation une fois encore! J'espère qu'ils nous informeront sur le site du Festival de son parcours à Varsovie.
C'est l'intérêt des festivals de pouvoir entendre des artistes très divers et qui ont parfois des visions très différentes de la musique et de leur art du piano.
Mais là, à Nohant, c'est en moins de 24 heures que nous avons pu avoir ce qui se fait de "on ne peut plus opposé" en matière de personnalité, de vision de la musique, de conception de concert et de carrière avec samedi Bertrand CHAMAYOU (voir photo ci-dessous au centre) et dimanche Valentina LISITSA (voir photo ci-dessous à droite).
Seul point commun : une technicité à toute épreuve.
D'un côté, un musicien avant tout, sobre, un jeu souple, un piano clair et limpide avec juste ce qu'il faut de pédale. Des mains bien posées sur le piano, aucun "chichi" , ce qui donne l'impression que la richesse intérieure de Bertrand CHAMAYOU passe tout entière et sans perte aucune directement dans ses doigts, vers le clavier et vers nous.
Une construction de carrière réfléchie et exigeante, conduite pas à pas qui l'amène à présent à être reconnu comme un des tout meilleurs pianistes français.
Un programme exigeant, difficile - difficile aussi pour le public qui connaît son Chopin par cœur et qui, très souvent, vient à Nohant pour le retrouver - avec Ravel ( Valses nobles et sentimentales, bien valsées et fluides, Gaspard de la nuit particulièrement habité), Schubert : une des plus belles Wanderer- Fantaisie que j'aie entendue, Schubert/Liszt et des lieder vraiment chantés.
Trois bis de la même veine : un lied Mendelssohn/Liszt, le Nocturne op.9 n°2 ( Nohant oblige!) et l'Alborada del Graciozo des Miroirs du même Ravel.
De l'autre côté, une pianiste virtuose, des doigts d'acier et un tempérament de feu, époustouflante et cherchant à l'être avec un jeu fulgurant mais parfois brutal et des contrastes très marqués.
Une carrière qui explose grâce à un coup de maître dans l'utilisation de Youtube qui la fait être à présent demandée partout à travers le monde.
Un programme démentiel dans la durée fait d'exigence technique: Schumann : Etudes symphoniques, Liszt : la Sonate en si, Chopin : 12 Etudes op.10, 12 Etudes op.25 auquel se sont ajoutés en bis : la Rhapsodie hongroise en°12 et la Campanella de Liszt, le Prélude op.23 n° 5 de Rachmaninov et le Precipitato de la 7è Sonate de Prokofiev. Un programme virtuose de plus de deux heures et demie.
Autre point commun : la bergerie était comble et les deux artistes ont été tous les deux ovationnés ( Bien joué, le Festival!), … mais sans doute pas par les mêmes personnes!
Vous, mes amis qui me connaissez bien, vous savez forcément dans quel camp, bleu ou rouge, se situe Bérangère!
J'ai particulièrement aimé le concert CHAMAYOU, moment d'émotion partagé. J'aime l'intelligence et la sensibilité de ses Schubert et la fluidité de son Ravel. Son programme laisse à penser qu'il y a une intégrale en cours. Je commence donc à économiser!!
Osons le dire : j'ai détesté le "concert - spectacle" de LISITSA, avec son "fan club" - dont certains venus de très loin - qui ovationne même le début des bis!!! Le mot qui me vient immédiatement à l'esprit est "performance" . C'est d'ailleurs aussi comme cela que les Américains appellent un concert. J'ai souffert de cet "American Technicolor", de cette "pianorrhée" et de toute ces notes sans beaucoup de musique derrière.
J'ai regretté que le Grenier littéraire ne soit plus ouvert à la fin du concert, car je serais bien allé me ressourcer en écoutant, parmi les archives, juste les deux dernières "Scènes d'enfants" de Schumann par notre regretté Aldo Ciccolini, … ses résonances, ses silences et sa sérénité.
Le poète parle! Fermez le ban!
Suite le week-end prochain!
Mais avant, je reprendrai ma voiture vendredi pour aller au Château de Bouges, près de Valençay - où le Festival de Nohant "s'externalise" pour porter la bonne parole musicale - écouter dans son superbe décor du XVIIIè notre jeune prodige français : Jean-Paul GASPARIAN.
Vingt ans, look de 1er de la classe (qu'il est d'ailleurs : 1er Prix du Concours général de philosophie en 2013, mais aussi Vainqueur du Concours International de Brême la même année), il est actuellement en finale du Concours International Geza Anda en Suisse (on saura ce qu'il en est vendredi ).
Un programme impressionnant par la maturité qu'il requiert : l'opus 101 de Beethoven, la 2è Sonate de Chopin et la 2è Sonate de Schumann, rien que cela!
Quitte à ce que je le réécoute dimanche matin à Nohant dans le concert "Tremplin découverte!